vendredi 25 avril 2008

Côte Ouest


Côte Ouest - Paula Fox
Publié en 2007 chez Joëlle Losfeld
Traduit de l'anglais par Marie-Hélène Dumas
Préface de Frederick Busch.

En 1939, Annie Gianfala, une adolescente de 17 ans, vit seule près de New-York, abandonnée par son père qui vient de se remarier. Elle a rencontré Walter Vogel, un ancien acteur d'une trentaine d'années, qui s'est engagé sur un cargo. Annie décide de le retrouver sur la côte ouest des Etats-Unis, lors de l'escale de son bateau.
Son voyage vers l'ouest, puis son installation près d'Hollywood vont lui permettre de faire des rencontres très diverses : des membres du parti communiste, des réfugiés européens, des noirs victimes de la segrégation, des paumés comme elle qui vivotent de petits boulots dans l'espoir de sortir un jour de leur misère.
Sans savoir pourquoi, Annie va accepter d'épouser Walter, qui va la laisser aussitôt pour s'embarquer dans l'espoir de gagner de l'argent, et elle va continuer son combat de tous les jours pour survivre sur cette côte ouest. Petit à petit, au fil des années, pendant que se déroule la guerre en Europe, Annie va se construire et devenir adulte. Ce n'est qu'à ce moment-là qu'elle pourra revenir dans l'est.

C'est le parcours d'une femme qui est raconté dans ce roman de Paula Fox, son troisième livre, paru en 1972, et le plus autobiographique, d'après la quatrième de couverture.
Le début du roman reflète parfaitement la confusion dans laquelle est plongée l'héroïne, ballottée entre les gens qu'elle rencontre : Walter, à qui elle s'accroche mais qu'elle ne comprend pas, Max l'intellectuel communiste qui s'est senti obligé de prendre soin d'elle dès qu'il a vu Annie. Et puis, au fil des pages, l'histoire se structure, en même temps qu'Annie commence à maîtriser sa vie et à décider elle-même.
Cet apaisement est très bien traduit dans les dernières lignes du roman :
"On m'a emmenée en Californie, dit-elle. Et au bout d'un moment, je me suis enfuie."

En lisant ce livre, j'ai beaucoup pensé à la trilogie de Doris Lessing, Les enfants de la violence, car j'y ai retrouvé de nombreux thèmes : les incertitudes d'une jeune femme, sa découverte du communisme, sa soumission aux hommes et son indécision, puis son évolution et la prise de conscience qu'elle est un individu à part entière.

Je lirai certainement les autres romans de Paula Fox.
A consulter : La fiche du roman chez l'éditeur.

vendredi 11 avril 2008

Matins de roses

Matin de roses - Naguib Mahfouz
Publié chez Sindbad/Actes Sud en octobre 1998.
Traduit de l'arabe (Egypte) par Elizabeth Chehata.

Ce livre est composé de trois nouvelles.

Oumm Ahmad : C'est au travers des récits de Oumm Ahmad que le narrateur connait l'histoire des familles qui occupaient, avant la révolution de 1919, les palais de la ruelle Qormoz, où il vivait lui-même, enfant. Ensuite, la ville s'est transformée : les notables ont migré vers l'est d'al-Abbasseyya et les familles de la classe moyenne sont parties s'installer vers l'ouest d'al-Abbasseyya. C'est grâce à Oumm Ahmad que l'enfant, puis l'adolescent, a continué de recevoir des nouvelles de ces familles aisées. Il nous raconte leurs destins inégaux, au gré des changements de régimes politiques.

Matin de roses : Dans cette longue nouvelle qui donne son titre au recueil, c'est le narrateur lui-même qui évoque tour à tour ses voisins de la rue d'al-Radwân. Il passe en revue les différentes familles, leur composition, leur maison, leurs habitudes, leur style de vie. Dans chaque famille, il y a un enfant qui a fréquenté l'école en même temps que le narrateur, il a donc un regard particulier sur chacun, selon l'affinité qu'il pouvait ou non avoir avec ce camarade.

Dieu bénisse ta soirée : Le narrateur, Halîm, est un homme proche de la retraite. Il a sacrifié toute vie personnelle en faveur de sa famille, toujours plus soucieux de ses obligations envers ses parents et ses sœurs que de son propre bonheur. Mais tous sont morts et il se retrouve seul dans un grand appartement qu'il déteste. Heureusement, il s'est fait un ami, Hamâda al-Tartouchi, qu'il rencontre au café et qui l'incite à briser sa solitude. Grâce à lui, il va trouver le courage de rendre visite à son ancienne fiancée, Malak, devenue veuve.

Ce livre est mon premier contact avec l'œuvre de Naguib Mahfouz, mais ne sera pas le dernier. L'auteur sait à merveille raconter des histoires, créer une atmosphère, nous donner à voir une rue du Caire et ses habitants, nous intéresser aux mille évènements qui composent la vie d'un quartier. A travers tous ces épisodes individuels, c'est l'Histoire de l'Egypte qui est évoquée, et en parallèle l'évolution d'une partie de sa population.

Cette lecture entre dans le cadre de mon défi lecture 2008, Le nom de la Rose, dans la catégorie "un nom de plante dans le titre".

A consulter : La fiche du livre chez Actes Sud, qui propose un extrait.
L'avis de Lucy et une chronique de L'Oeil électrique.

dimanche 6 avril 2008

Première fois...

Me voici taggée par Chaperlipopette au sujet de mes premières fois.

Les règles du jeu :
Vous recevez ce tag et vous y répondez sur le champ.
Vous rapportez à Scrapzine en commentant son message.

Mon premier job : A dix-sept ans, j'ai travaillé le mois d'août dans une supérette. Le matin, j'aidais les clients en bout de caisse à ranger leurs achats, ou bien je servais les fruits et légumes. L'après-midi, je mettais en rayon ou bien je vidais un rayon dans un caddie, je lavais les rayonnages et je remettais le contenu du caddie en rayon. Le top, c'était quand même l'emballage d'une certaine boite de bonbons anglais, ronde en métal. C'était un cadeau très prisé, apparemment !

Ma première voiture : Une Peugeot 204, qui était très capricieuse au démarrage !

Ma première page Web : J'avais créé un site sur chez.com, pour m'entrainer au langage http. Mais je n'ai pas persisté.

Mon premier voyage : Je devais avoir 2 mois et j'ai pris le train pour aller chez moi, puisque je suis née à 600 km du domicile de mes parents.

Mon premier baiser : C'est un souvenir mitigé, alors je n'ai pas vraiment envie d'en parler !

Normalement, je crois que je devrais tagger 5 autres personnes, mais cette fois-ci, je passe.
Si vous passez par là et avez envie de répondre, n'hésitez pas ...

vendredi 4 avril 2008

Le bois des abeilles

Le bois des abeillesHortense Dufour
Edité en 2005 aux éditions Flammarion.

Prix de Mouettes 2006 offert par le conseil général des Charentes-Maritimes.

Le bois des abeilles, c'est le domaine de la famille Jansuire, près de Royan. Cette famille dirige une entreprise de cerfs-volants, réputée et florissante. Au bois des abeilles, vivent trois générations : Gustave et Noémie, les grand-parents, Gilbert le fils aîné et sa femme Adrienne, Léonce et Lucas les deux autres fils célibataires, nés sur le tard, Gilberte et Bernadette les deux petites-filles. Il est également question des employées de la maison et de l'entreprise, de la famille d'Adrienne, de la Loupote, la sage-femme du pays qui est bien souvent mise à contribution, de la postière qui se ronge d'amour pour Léonce, qui lui n'a d'yeux que pour la femme de son frère. Toute cette petite société vit plus ou moins en harmonie dans la campagne charentaise, en cet été 1914, mais va être bouleversée par la déclaration de guerre.

Les hommes au front, les femmes doivent assumer tous les rôles, prendre des responsabilités, faire évoluer l'activité de l'entreprise (qui va acheter des cerfs-volants en temps de guerre !), découvrir une liberté nouvelle et trembler pour leurs soldats.

Gilberte, la narratrice, adolescente de 15 ans, perçoit déjà bien les tensions qui existent dans la famille, la fragilité de sa mère, trop belle et engluée par l'adoration de son mari.

L'horreur de la guerre s'insinue doucement au fil du récit, au fur et à mesure que les mauvaises nouvelles parviennent au domaine.

J'étais un peu inquiète en lisant les premières pages de ce roman : ça commence un peu "fleur bleue", la campagne, les histoires de famille. Mais très vite, le contexte historique s'impose et transforme parfois le roman en documentaire : la vie à la campagne, les antécédents de la famille, comment elle s'est constituée, tout cela est très réel et prépare à la suite, la transformation de la vie des femmes, la rapide désillusion des hommes, partis pour récupérer l'Alsace et la Lorraine et très vite confrontés aux conséquences de la mauvaise préparation du conflit.

Il y avait très longtemps que je n'avais plus lu Hortense Dufour. J'avais gardé un bon souvenir de " La marie-marraine". J'ai dévoré "Le bois des abeilles", d'autant que le sujet s'est trouvé en plein dans l'actualité, avec la disparition récente du dernier Poilu. Ce roman nous replonge dans cette période tourmentée, sans tomber dans l'excès de scènes de guerre sanglantes.

Ce livre fait partie de mon défi lecture 2008, Le nom de la rose, pour la catégorie "un nom d'animal dans le titre".